Défense et sécurité : entre Conseil européen et Otan
Colloque
Retrouvez ici la note de synthèse sur le colloque Défense et sécurité: entre Conseil européen et OTAN, organisé par l’IRSEM et Egmond, auquel sont intervenus plusieurs membres d’EuroDéfense-France: le Sénateur Gautier, le Général (2s) de Langlois et le Général (2s) Perruche.
Note de Synthèse sur le Colloque – Défense et sécurité : entre Conseil européen et Otan –19/05/2013
Les Européens sont à mi-chemin entre deux rendez-vous majeurs, le Conseil de défense de décembre 2013 et le futur sommet de l’OTAN en septembre 2014. Ce moment charnière a été l’occasion, pour l’IRSEM et l’Institut Royal des Relations Internationales d’EGMONT, d’organiser conjointement un colloque dont l’objectif était de faire le point et de s’interroger sur l’avenir des deux organisations en matière de sécurité et de défense.
De nombreux acteurs institutionnels de l’OTAN et de la PSDC sont intervenus aux côtés de chercheurs de nationalités américaine, espagnole, belge et française.
Le colloque a été ouvert par le Sénateur Jacques Gautier, vice-président de la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, qui a réitéré l’idée de créer un Eurogroupe de la défense, en faisant référence au rapport du Sénat du 3 juillet 2013. Madame Pascale Andréani, Ambassadeur, Représentante permanente de la France auprès de l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) depuis septembre 2011, a rappelé que l’Union européenne n’avait pas été conçue initialement pour la sécurité et qu’il fallait changer les mentalités. Elle a précisé que nous avions un devoir de sensibiliser les opinions publiques sur cette problématique, d’autant plus que nous étions à la veille des élections européennes.
Trois idées majeures sont ressorties des différentes interventions. L’OTAN a un avenir en tant qu’architecte des forces militaires alliées. Le lien transatlantique perdurera mais demandera plus de réciprocité. Enfin, les Européens devront trouver de nouveaux leviers pour être reconnus comme des acteurs crédibles en matière de sécurité.
L’OTAN reste indéniablement l’organisation qui « rassure » l’Europe. L’Alliance reste la garante de la compatibilité, de l’interopérabilité, de l’aguerrissement et de l’expression des normes des alliés. Elle n’a pas vocation à devenir une sorte de réservoir de forces, flexible et capable de combler les insuffisantes des autres, notamment des pays européens. Certains reconnaissent que le succès de l’Alliance n’est que celui des Américains et rappellent que le niveau de contribution financière américain à l’OTAN n’a jamais été aussi élevé, supérieur à 75%. Si certains affichent que les événements d’Ukraine sont une aubaine pour le futur de l’Alliance, le sommet de Cardiff sera révélateur de la volonté des nations de l’OTAN de passer du concept d’une alliance déployée à celui d’une alliance préparée, en affichant leur volonté de cohésion, de cohérence et de « readiness ».
Outre-Atlantique, si l’administration Obama a renouvelé son soutien aux Européens, il n’en demeure pas moins que deux limites ont été soulignées. D’une part, les Américains se refusent désormais de corriger systématiquement les lacunes capacitaires européennes. D’autre part, les Etats-Unis – sans se désengager de l’Europe – qui effectuent un « rééquilibrage » vers l’Asie, demandent une certaine réciprocité aux Européens pour les appuyer dans cette région.
Alors que l’OTAN reste pour la majorité des Européens la pierre angulaire de leur défense collective, l’Europe de la défense peine à se mettre en place. Elle vit à l’ombre de l’OTAN, d’autant plus qu’il est difficile de s’accorder aujourd’hui sur son périmètre d’action. Le flou du traité de Lisbonne (article 42) concernent la primauté de l’article V sur la clause d’assistance est certainement un facteur de ralentissement dans la prise en compte par les Européens de leur propre destin. Ceci est d’autant plus vrai que l’Europe n’avait pas à l’origine la vocation de se développer en matière de défense et de sécurité. Historiquement cette faculté lui a expressément été retirée à la suite de l’échec de la CED en 1954. Léo Tindemans, Premier ministre belge, soulignait dès 1975 que « l’UE resterait incomplète aussi longtemps qu’elle n’aurait pas de politique de défense ».
Le Conseil européen de décembre 2013 a été à la fois l’objet de satisfactions à propos des progrès incontestables de la PSDC, mais aussi de grandes frustrations suite aux multiples rendez-vous manqués de l’Europe. La mise en place d’une feuille de route et un prochain Conseil programmé en juin 2015, en sont néanmoins les principaux éléments positifs.
Quatre idées fortes peuvent être retenues.
Une réflexion générale sur la sécurité de l’Europe s’avère nécessaire et devrait prendre la forme d’un livre blanc européen. Il sera nécessaire d’y trouver la notion « d’intérêt commun européen ».
La notion d’Eurogroupe doit être développée. Elle rejoint le principe de coopération structurée permanente. Cet Eurogroupe pourrait ressembler à ce qui s’est déjà fait en matière financière, autour des pays de l’Eurozone. En son sein, les décisions seraient prises à la majorité qualifiée pour limiter les blocages éventuels.
La subsidiarité, respectant le principe de souveraineté nationale en même temps qu’un impératif de sécurité, est une piste qui doit permettre aux capitales européennes de partager avec Bruxelles un certain nombre de leurs prérogatives en matière de défense.
Enfin, il faut remédier à l’absence d’une véritable politique de communication à Bruxelles. L’un de ses principaux objectifs doit être d’informer et « d’éduquer » l’opinion publique aux problématiques de défense. C’est une des grandes absentes des débats de la campagne des élections au Parlement européen.
En définitive, une idée claire ressort du colloque : l’Europe ne peut se limiter au seul soft power. Pour prendre part à la sécurité internationale, elle doit impérativement gagner en autonomie, autorité et crédibilité sur les sujets de défense et de sécurité.
Lisez également l’intervention du Général (2s) Perruche à l’occasion de cette conférence (pièce jointe).
Le programme de ce colloque est consultable (pièce jointe).
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