A Gaza peut-on éviter les pertes civiles ?
Interview du Général JP. Perruche paru dans le Journal La Croix
LA QUESTION DU JOUR, par ROTIVEL Agnès, le 1er Août 2014
JEAN-PAUL PERRUCHE, Général de réserve et président de l’association EuroDéfense-France.
La haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Navi Pillay, a condamné les attaques touchant des maisons, des écoles, des hôpitaux et des centres de réfugiés lors de la guerre entre Israël et le Hamas, qui a fait plus de 1 400 morts, en majorité des civils palestiniens. Dans un combat en zone densément peuplée, la protection des populations est difficile à réaliser, souligne le général Jean-Paul Perruche, ancien commandant en second de la force de l’OTAN au Kosovo (2002-2003) « Il est très difficile d’éviter les victimes civiles dans la bande de Gaza, où la densité de population est très élevée, où le combat est de haute intensité, avec l’utilisation de roquettes et de missiles. Même avec la plus grande attention, cet objectif paraît très difficile à atteindre. En temps de guerre, dans l’armée française comme dans les armées européennes, il y a des règles que toutes les démocraties appliquent: respect des populations civiles, droits de l’homme, convention de Genève, etc. Mais chaque situation est spécifique. Lorsque l’adversaire prend les civils comme bouclier, la protection des populations est plus difficile à réaliser.
Dans le passé, les guerres étaient justifiées par des objectifs décidés au niveau de la Nation et même si on avait une certaine compassion envers les civils, ce n’était pas la priorité. Aujourd’hui, la guerre doit être évitée, c’est un dernier recours quand toutes les autres solutions ont été épuisées. Les démocraties essaient de faire une guerre morale, qui ne compromette pas leurs valeurs et l’évolution future de la société dans laquelle se produit cette guerre. Cependant, même dans un conflit asymétrique comme celui entre Israël et le Hamas, soit vous faites prévaloir la morale et vous faites une guerre chirurgicale, en allant chercher le mauvais djihadiste caché, mais vous exposez vos soldats et vous aurez des pertes, soit vous consentez à plus de pertes civiles chez l’adversaire – une attitude plus immorale –, mais votre opinion publique sera avec vous, c’est la realpolitik.
On a le devoir de défendre sa population, mais la question des moyens utilisés se pose. Est-ce que la fin justifie n’importe quel moyen? La réponse est un équilibre à trouver entre ses propres pertes et le dommage que l’on cause aux civils.
La position politique d’Israël vis-à-vis des Palestiniens est contestable. Ce qui ne l’est pas, c’est le droit d’Israël à défendre son existence et à protéger sa population. Mais la résolution par la force, utilisée par Israël, est contestable et contestée. Il faut ramener les Israéliens et les Palestiniens à se parler et à évoquer les problèmes à surmonter. »
Cet article peut aussi être retrouvé à l’adresse suivante:
Mythe et réalité du projet d’une défense européenne
Entretien avec le Général d’Armée Aérienne Patrick de RousiersI/. La défense européenne est une...
Défense et sécurité : entre Conseil européen et Otan
ColloqueRetrouvez ici la note de synthèse sur le colloque Défense et sécurité: entre Conseil...
EULEX Kosovo célèbre ses 6 ans
Par Béatrice Cante GuillauminAlors qu'EULEX Kosovo célèbre aujourd'hui, 16 février 2014, ses six...
Sécurité et développement durable des provinces du sud marocaines :
Clés de la sécurité en Europe et en AfriqueArticle Publié dans le numéro du mois d'avril 2014 de...
L’EUROPE DE LA DÉFENSE EN PANNE DE VOLONTÉ POLITIQUE
ou comment la force advint à l’Union sans que l’Europe devînt puissancePar Patrick...
L’APSA: UN SOUS-PRODUIT DU RAPPORT HOMOTHÉTIQUE ENTRE L’UE ET L’UA
Par Patrick Klaousen, Docteur en droit public - HDR, Maître de conférences à l’Université de...